Les vendredis de V.I.E : l'argus bleu

D’aucun diront que je suis banal et ce n’est pas faux, il est vrai que nous sommes nombreux dans cette partie du monde, mais pour ma part, cela ne retire rien à ma superbe.

J’aime les chaudes journées mais je suis l’un des rares papillons à être présent jusqu’au début de l’automne. Vous pouvez me voir principalement dans les prairies et les coupes tardives me permettent de trouver un habitat idéal pour pondre et pour chiller, peinarde au soleil. Et oui, telle que vous me voyez, je suis une demoiselle, certains diront que je suis un peu terne par rapport à mon compagnon d’un bleu éclatant. Moi, je dis que c’est une affaire de goût mais aussi de pouvoir. Pourquoi pensez-vous que les mâles sont tellement flashy, augmentant le risque d’être repérés par des oiseaux et de subir une fin brutale ? Pour me plaire, exactement ! Car je choisis et je ponds la prochaine génération sur les herbes hautes. Notre nature est formidable, mes chenilles vont bientôt éclore. Alors, elles vont sécréter le miellat nécessaire à leur croissance. Il n’est pas rares que des fourmis emporte les œufs. Lorsque le chenilles éclosent, elles ponctionnent un petite partie du miellat contre leur soin et leur protection, c’est du gagnant-gagnant : les fourmis ont une source de nourriture à demeure et les chenilles se développent en sécurité jusqu’à ce qu’elles s’envolent et quittent la fourmilière. Vous, les hommes, avez développé cette vision que la nature est hostile, impitoyable et que seule la prédation apporte le salut. Nous ne sommes qu’un petit exemple de coopération parmi les milliers de modèles que la nature propose aux hommes.